
Le kératocône est une maladie dégénérative de la cornée. Cette affection, caractérisée par un amincissement et une déformation progressive de la cornée, peut entraîner une détérioration importante de la vue si elle n’est pas prise en charge de manière adéquate. La question qui se pose est de savoir s’il est possible d’arrêter ou de ralentir sa progression. Les récents progrès en ophtalmologie ouvrent la voie à de nouvelles perspectives prometteuses. Grâce au port de lentilles de contact adaptées, proposées sur dencott.com, le patient atteint de kératocône conserve une acuité visuelle satisfaisante.
Mécanismes biologiques du kératocône et sa progression
Le kératocône est une altération de la structure biomécanique de la cornée. Cette dégradation est le résultat de plusieurs événements biochimiques et cellulaires. Au centre de ce processus, on trouve une perturbation de l’équilibre entre la synthèse et la dégradation du collagène cornéen, composant principal de la matrice extracellulaire qui confère à la cornée sa résistance mécanique. Le stress oxydatif est mis en cause dans la pathogenèse du kératocône. L’accumulation de radicaux libres entraîne des dommages cellulaires et moléculaires, affaiblissant progressivement la structure cornéenne. De plus, une activité anormale des enzymes protéolytiques, notamment les métalloprotéinases matricielles, contribue à la dégradation accélérée du collagène et des protéoglycanes. La progression du kératocône est souvent imprévisible, avec des périodes de stabilité alternant avec des phases d’évolution rapide. Cette dynamique erratique complique la prise en charge et souligne l’importance d’un suivi régulier. Des éléments extérieurs, tels que le fait de se frotter souvent les yeux ou de souffrir d’allergies chroniques, peuvent aggraver la maladie.
Techniques innovantes pour le suivi du kératocône
Un diagnostic rapide et le suivi de l’évolution du kératocône permettent une prise en charge efficace. Les nouvelles technologies d’imagerie ont révolutionné notre capacité à détecter et à quantifier les changements subtils de la cornée, permettant une intervention plus rapide et ciblée.
Topographie cornéenne et aberrométrie de front d’onde
La topographie cornéenne est le moyen de référence pour le diagnostic et le suivi du kératocône. Les systèmes actuels, basés sur la technologie de disque de Placido ou la projection de fentes lumineuses, fournissent une cartographie détaillée de la surface cornéenne antérieure et postérieure. L’analyse des indices topographiques, tels que le K max (courbure maximale) ou l’asymétrie inférieure-supérieure, permet de quantifier la progression de la maladie.
L’aberrométrie de front d’onde est une technique qui permet de vérifier la qualité optique de l’œil avec une grande exactitude. L’aberrométrie de front d’onde permet d’évaluer la qualité de la vision, de mieux comprendre les troubles visuels et ainsi mieux adapter le traitement.
Microscopie confocale in vivo de la cornée
La microscopie confocale permet une visualisation à l’échelle cellulaire des différentes couches de la cornée. Elle donne des informations sur les changements microstructuraux associés au kératocône, tels que la réduction de la densité des kératocytes ou les altérations de la membrane de Bowman. La microscopie confocale peut ainsi aider à évaluer la progression de la maladie au niveau cellulaire et à guider les décisions thérapeutiques.
Tomographie par cohérence optique (OCT) du segment antérieur
L’OCT du segment antérieur fournit des images en coupe de haute résolution de la cornée, permettant une mesure exacte de son épaisseur et de sa géométrie. Cette technologie permet d’évaluer l’amincissement cornéen caractéristique du kératocône et pour détecter les changements de la forme cornéenne. L’OCT permet également la planification et le suivi des traitements, notamment pour le cross-linking cornéen.
Biomécanique cornéenne par Ocular Response Analyzer (ORA)
L’ORA évalue les propriétés viscoélastiques de la cornée, fournissant des informations sur sa résistance mécanique. Les paramètres mesurés, tels que l’hystérésie cornéenne et le facteur de résistance cornéenne, peuvent être altérés dans le kératocône avant même l’apparition de changements topographiques importants.
Ces technologies modernes dans la pratique clinique a nettement amélioré notre capacité à détecter et à suivre le kératocône, ouvrant la voie à des interventions plus rapides et mieux ciblées.
Traitements conservateurs pour stabiliser le kératocône
La gestion conservatrice du kératocône vise à ralentir sa progression et à améliorer la qualité de vue du patient sans recourir à des interventions chirurgicales invasives. Ces méthodes sont particulièrement importantes au début de la maladie ou lorsque la chirurgie n’est pas envisageable.
Lentilles de contact rigides perméables aux gaz (LRPG)
Les LRPG sont souvent le premier traitement pour améliorer la vision des patients atteints de kératocône. Ces lentilles créent une nouvelle surface optique régulière, compensant les irrégularités de la cornée. Leur design permet une adaptation exacte à la forme conique de la cornée, procurant une acuité visuelle nettement supérieure à celle obtenue avec des lunettes ou des lentilles souples.
Les progrès récents dans la conception des LRPG, notamment l’utilisation de géométries asphériques et de designs multicourbes, ont amélioré le confort et la tolérance des patients. De plus, certaines études suggèrent que le port régulier de LRPG pourrait contribuer à stabiliser la progression du kératocône en réduisant les contraintes mécaniques sur la cornée.
Lentilles sclérales et hybrides
Pour les cas plus graves ou lorsque les LRPG classiques ne sont pas tolérées, les lentilles sclérales sont une alternative intéressante. Ces lentilles de grand diamètre reposent sur la sclère, créant un réservoir de larmes entre la lentille et la cornée. Cette méthode permet une correction optique optimale en protégeant la surface cornéenne fragile.
Les lentilles hybrides, combinant une zone centrale rigide avec une jupe périphérique souple, sont un compromis entre les LRPG et les lentilles sclérales.
Collyres lubrifiants et compléments nutritionnels
Les collyres sans conservateurs aident à préserver une surface oculaire saine, réduisant les irritations et potentiellement le risque de frottement oculaire. Certains lubrifiants contenant des agents osmoprotecteurs peuvent également contribuer à réduire le stress osmotique sur les cellules épithéliales cornéennes.
Des antioxydants comme la vitamine C, la vitamine E et les oméga-3 pourraient aider à combattre le stress oxydatif impliqué dans la progression de la maladie. Bien que les preuves soient encore limitées, cette démarche nutritionnelle pourrait apporter un complément aux autres traitements conservateurs.
Cross-linking cornéen : principe et protocoles
Le cross-linking cornéen (CXL) vise à stabiliser la progression de la maladie. Cette technique, introduite au début des années 2000, a révolutionné la prise en charge du kératocône évolutif.
Protocole de Dresden et ses variantes
Le protocole de Dresden, reconnu comme la référence en matière de cross-linking cornéen (CXL), repose sur une séquence thérapeutique visant à renforcer la structure biomécanique de la cornée. Il consiste à retirer l’épithélium cornéen afin de permettre une imprégnation optimale en riboflavine, suivie d’une irradiation contrôlée aux UV-A. Cette combinaison induit la formation de nouvelles liaisons covalentes entre les fibres de collagène, stabilisant ainsi la progression du kératocône. L’efficacité de cette technique a été largement confirmée par des études à long terme, qui montrent une amélioration marquée dans la majorité des cas traités, notamment grâce à l’ajout de soins après opération tels que l’application de lentilles thérapeutiques et d’antibiotiques topiques.
Cross-linking accéléré et transépithélial
Des variantes du protocole original ont été développées pour réduire le temps de traitement et améliorer le confort du patient. Le CXL accéléré utilise une irradiation UV-A plus intense sur une durée plus courte, visant à obtenir un effet comparable en quelques minutes seulement. Bien que prometteur, son efficacité à long terme reste à confirmer par rapport au protocole standard.
Le CXL transépithélial, qui préserve l’épithélium cornéen, vise à réduire les risques de complications post-opératoires et à accélérer la récupération. Toutefois, la pénétration de la riboflavine à travers l’épithélium intact reste un sujet sensible et l’efficacité de cette méthode est généralement considérée comme inférieure au protocole épi-off standard.
Suivi après opération et évaluation de l’efficacité
Le suivi après opération du cross-linking cornéen (CXL) est nécessaire pour apprécier son efficacité et repérer d’éventuelles complications. Il repose sur une surveillance régulière de la vision et de la réfraction, ainsi que sur des examens de la cornée, permettant d’observer son évolution morphologique et cellulaire. Grâce à des techniques comme la topographie, la tomographie, l’OCT du segment antérieur ou encore la microscopie confocale, il est possible de détecter les signes de stabilisation ou de régression du kératocône. Dans la majorité des cas, le traitement entraîne une amélioration progressive des paramètres topographiques et, parfois, de l’acuité visuelle. Toutefois, cette stabilisation peut s’étendre sur plusieurs mois, rendant indispensable un suivi prolongé et rigoureux.
Innovations chirurgicales pour le kératocône avancé
Pour les cas de kératocône avancé où les traitements conservateurs et le cross-linking ne suffisent plus, des options chirurgicales plus invasives peuvent être envisagées. Ces techniques visent à restaurer une géométrie cornéenne plus régulière et à améliorer la vision.
Anneaux intracornéens (ICRS) type keraring et intacs
Les anneaux intracornéens sont des segments en polymère implantés dans le stroma cornéen périphérique. Leur objectif est de modifier la courbure cornéenne, réduisant ainsi l’astigmatisme irrégulier caractéristique du kératocône avancé. Les types d’anneaux les plus couramment utilisés sont le Keraring, conçus spécialement pour le kératocône et l’Intacs, initialement développés pour la correction de la myopie légère.
L’implantation des ICRS est généralement réalisée sous anesthésie locale, à l’aide d’un laser femtoseconde pour créer les tunnels stromaux. Cette technique a l’avantage d’être réversible et peut être combinée avec le cross-linking.
Kératoplastie lamellaire antérieure profonde (DALK)
La kératoplastie lamellaire antérieure profonde (DALK) est un grand progrès dans le traitement chirurgical du kératocône avancé. Elle repose sur le remplacement sélectif des couches antérieures de la cornée en préservant la membrane de Descemet et l’endothélium du patient. Cette conservation des structures internes permet de limiter le risque de rejet immunologique et assure une meilleure stabilité anatomique de l’œil et une récupération visuelle souvent plus rapide. La DALK s’adresse en particulier aux patients dont l’endothélium est intact, mais sa mise en œuvre reste complexe, nécessitant une expertise technique élevée et une courbe d’apprentissage importante pour le chirurgien.
Greffe de cornée transfixiante
La kératoplastie transfixiante reste une option pour les cas les plus avancés de kératocône, notamment lorsque l’endothélium est atteint ou que la DALK n’est pas réalisable. Cette procédure consiste à remplacer la totalité de la cornée du patient par un greffon donneur. Toutefois, cette méthode comporte des risques plus élevés comme le rejet immunologique du greffon et des complications post-opératoires plus fréquentes. Par ailleurs, ce traitement nécessite la prise d’immunosuppresseur prolongé.
Prévention et facteurs de risque modifiables
La maîtrise des facteurs de risque permet de freiner l’évolution du kératocône. En adoptant une démarche préventive, il est possible de maitriser le pronostic à long terme, tant chez les patients déjà atteints que chez ceux présentant des signes précurseurs.
Contrôle du frottement oculaire et de l’allergie
Le frottement oculaire est reconnu comme une pratique aggravante dans l’évolution du kératocône. Les patients doivent être informés sur les risques associés à ce comportement. Le soulagement des démangeaisons par des moyens non traumatisants, le traitement rigoureux des allergies oculaires, ainsi que la prévention des frottements involontaires, notamment durant le sommeil, font partie des méthodes recommandées. Une prise en charge efficace des causes d’irritation chronique permet de réduire le besoin de se frotter les yeux, contribuant ainsi à freiner la progression de la maladie et à préserver la santé cornéenne.
Gestion du stress oxydatif cornéen
Des méthodes visant à réduire ce stress peuvent potentiellement ralentir la progression de la maladie. Cela inclut l’utilisation de collyres contenant des antioxydants, la protection contre les rayons UV avec des lunettes de soleil adaptées, ainsi qu’un ‘évitement de l’exposition à la pollution atmosphérique.
Correction des déficits nutritionnels
La carence en vitamine D, fréquemment observée chez les personnes atteintes, ainsi que l’apport insuffisant en oméga-3, reconnus pour leurs propriétés anti-inflammatoires, peuvent influencer la santé de la surface oculaire. De même, les antioxydants alimentaires tels que les vitamines C et E pourraient contribuer à limiter le stress oxydatif cornéen. Bien que les données scientifiques sur l’efficacité directe des suppléments nutritionnels dans le kératocône restent limitées, une alimentation équilibrée et riche en nutriments protecteurs est un atout non négligeable pour préserver la santé oculaire globale.
En combinant ces méthodes préventives avec les traitements modernes du kératocône, il est possible d’apporter aux patients une prise en charge complète visant à stabiliser leur maladie et à préserver leur vision à long terme. Une prise en charge rapide est la base du succès de ce traitement.